Serious game : le guide complet pour engager, former et transformer

Vous souvenez-vous de ces formations interminables, où les diapositives défilent dans une salle un peu trop chauffée ? De ces manuels denses qu’il faut assimiler, en espérant que quelques informations restent ? Le savoir est là, mais l’envie et l’engagement, eux, sont souvent absents. L’apprentissage passif a montré ses limites. Heureusement, il existe une approche radicalement différente, une méthode qui transforme la transmission des connaissances en une expérience mémorable : le serious game (ou jeu sérieux en français).

Bien plus qu’un simple divertissement, le jeu sérieux est un outil stratégique d’une puissance redoutable, capable de former, de sensibiliser et d’accompagner le changement. Chez Citynova, nous avons fait de cette approche un pilier de notre expertise en design éducatif, convaincus que l’on n’apprend jamais aussi bien qu’en expérimentant soi-même.

Dans ce guide complet, nous allons plonger au cœur de cette pratique fascinante. Nous verrons ce qu’est un jeu sérieux, d’où il vient, pourquoi il est si efficace, et surtout, nous vous dévoilerons une méthode de conception détaillée en 7 étapes. Vous découvrirez, à travers nos réalisations concrètes, comment une idée peut devenir une expérience ludique et impactante.

Vous avez déjà un projet de territoire en tête ?

Citynova est une agence créative spécialisée dans l’animation d’ateliers participatifs et la création de cartes sensibles. Nous révélons la richesse et l’expérience vécue de vos territoires pour nourrir vos projets.

Qu’est-ce qu’un serious game ? Définition complète

Un serious game (jeu sérieux) est une application ou un dispositif dont l’objectif principal dépasse le simple divertissement. Il combine une intention « sérieuse » (pédagogique, communicationnelle, marketing, thérapeutique…) avec des mécaniques et des ressorts « ludiques » (défis, narration, progression, récompenses). Le but est de mobiliser l’engagement de l’utilisateur pour rendre l’apprentissage ou la transmission d’un message plus interactif, immersif et efficace.

En somme, il emprunte au jeu vidéo sa capacité à captiver l’attention et à motiver, pour la mettre au service d’un objectif concret et mesurable. Le succès d’un jeu sérieux réside dans l’équilibre parfait entre le fond (le message à faire passer) et la forme (le plaisir de jouer).

Ce qu’un serious game n’est pas :

  • Un simple jeu : Son but premier n’est pas de divertir, mais d’atteindre un objectif défini (formation, sensibilisation…). Le plaisir est un moyen, pas une fin.
  • Un simple module e-learning gamifié : Ajouter des points et des badges à un quiz ne suffit pas. Un vrai serious game possède un scénario, des règles et des mécaniques de jeu qui sont intrinsèquement liés aux objectifs pédagogiques.

Une brève histoire du jeu sérieux : des jeux de guerre aux simulateurs de vol

L’idée d’utiliser le jeu à des fins sérieuses n’est pas nouvelle. Les origines lointaines remontent au XIXe siècle avec les « Kriegsspiel » (jeux de guerre), des simulations sur table utilisées par l’armée prussienne pour entraîner ses officiers à la stratégie sans risquer des vies humaines. Le concept était né : simuler pour apprendre.

Le XXe siècle a vu l’essor des simulateurs, notamment avec l’aviation. Les simulateurs de vol sont devenus des outils indispensables pour former des générations de pilotes, leur permettant de s’exercer à des situations complexes et dangereuses en toute sécurité. Parallèlement, le monde de l’éducation commençait à explorer les jeux de société et les premiers programmes informatiques à des fins pédagogiques.

C’est cependant avec l’avènement du numérique et du jeu vidéo que le terme « serious game » s’est véritablement popularisé au début des années 2000. Des jeux comme « America’s Army », financé par l’armée américaine pour le recrutement, ont montré qu’il était possible de toucher un large public. Depuis, le jeu sérieux a explosé dans tous les secteurs : la santé, la culture, et surtout la formation en entreprise, où il est devenu un outil incontournable pour développer des compétences de manière innovante.

Les différents types de serious games (typologie et catégories)

Le monde du jeu sérieux est vaste. On peut classer les jeux selon leur objectif principal.

Les jeux de formation (learning games)

C’est la catégorie la plus répandue en entreprise. Ces jeux visent à développer des compétences spécifiques (savoir-faire) ou des comportements (savoir-être). On y trouve des simulations de gestion de projet, des entraînements à la négociation commerciale avec des personnages virtuels, ou des jeux pour apprendre les nouvelles procédures de sécurité.

Les jeux de sensibilisation (advergames & persuasive games)

Leur but est de faire passer un message, de changer les mentalités ou de promouvoir une cause (ou une marque). Par exemple, un jeu qui simule l’impact de nos choix de consommation sur l’environnement, ou un jeu qui met le joueur dans la peau d’une personne en situation de handicap pour faire comprendre les défis du quotidien.

Les jeux pour la santé (health games)

Ce secteur est en pleine expansion. Il s’agit de jeux conçus pour l’éducation thérapeutique des patients (mieux comprendre une maladie), l’entraînement des chirurgiens à des gestes techniques, ou même la rééducation physique via des exercices ludiques.

Les jeux éducatifs (edutainment)

Destinés principalement au monde scolaire ou aux musées, ils visent à transmettre des connaissances (histoire, sciences, etc.) de manière ludique. Le but est de transformer l’apprentissage en une aventure captivante, comme un voyage dans le temps interactif ou un jeu de piste scientifique.

Les jeux de simulation

Transversaux à toutes les catégories, les jeux de simulation sont conçus pour recréer une situation ou un système complexe et permettre au joueur d’expérimenter les conséquences de ses décisions dans un environnement sans risque. C’est le format idéal pour l’apprentissage par l’essai-erreur.

Le guide de création : notre méthode de conception en 7 étapes clés

Créer un serious game efficace ne s’improvise pas. Cela demande une démarche structurée qui allie expertise pédagogique, créativité et maîtrise technique. Chez Citynova, nous avons éprouvé et affiné un processus de co-création en 7 grandes étapes.

1. Définir les objectifs pédagogiques et stratégiques

Tout commence par la question « Pourquoi ? ». Avant même de penser au jeu, il faut identifier précisément les compétences, les savoirs ou les comportements à développer. Un bon objectif est SMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, Temporellement défini). S’agit-il pour les joueurs de savoir (connaître une nouvelle réglementation), de savoir-faire (appliquer une nouvelle procédure de vente) ou de savoir-être (mieux gérer une situation de conflit) ? Cette étape de cadrage est essentielle pour garantir que le jeu ne sera pas un simple gadget, mais un véritable outil de transformation.

2. Analyser le public cible

À qui s’adresse le jeu ? Des managers expérimentés ? Des jeunes en insertion professionnelle ? Des experts techniques ? Comprendre les attentes, le niveau de connaissance initial, les motivations et les contraintes de vos utilisateurs est crucial. On crée souvent des « personas d’apprenants » pour guider la conception. Un jeu destiné à des adolescents n’aura pas le même ton, le même univers graphique ni les mêmes mécaniques qu’un jeu destiné à des directeurs financiers.

3. Concevoir le scénario et les mécaniques de jeu

C’est le cœur créatif du projet. Il faut élaborer une narration engageante (un « storytelling ») qui donnera envie au joueur de s’impliquer. En parallèle, on choisit les mécaniques de jeu (les « règles ») les plus adaptées aux objectifs : un système de points, des défis à relever, des choix à faire dans un dialogue, la gestion de ressources, la résolution d’énigmes… L’art consiste à lier intimement ces mécaniques à l’apprentissage : le joueur doit apprendre en jouant, et non pas en lisant des textes entre deux phases de jeu.

4. Choisir la technologie et la plateforme

Le jeu sera-t-il un jeu de plateau physique ? Un jeu sur navigateur web accessible sur ordinateur ? Une application mobile ? Une expérience en réalité virtuelle (VR) ? Le choix du support dépend des objectifs, du budget, et surtout du contexte d’utilisation. Un jeu destiné à être utilisé lors d’un séminaire d’une journée n’aura pas les mêmes contraintes techniques qu’un module de formation à distance.

5. Prototyper et tester

On ne construit jamais un jeu sérieux d’un seul coup. On commence par créer un prototype, une version simplifiée (parfois juste en papier !) qui permet de tester les règles du jeu et l’expérience utilisateur. Ce prototype est ensuite testé par un panel d’utilisateurs représentatifs. Leurs retours sont une mine d’or : ce qui semblait clair sur le papier est-il vraiment compréhensible ? Le jeu est-il trop facile ? Trop difficile ? Amusant ? Ennuyeux ? Ces tests itératifs permettent d’ajuster le tir et de garantir la pertinence et l’efficacité du jeu final.

6. Développer et intégrer les contenus

Une fois le concept validé, vient la phase de production. C’est ici que l’on crée tous les éléments qui donneront vie au jeu : les graphismes, les illustrations, l’univers sonore, les animations, les textes… Chaque élément est conçu pour renforcer l’immersion et la clarté du message. C’est un travail méticuleux d’intégration technique pour que l’expérience soit fluide et agréable.

7. Déployer, évaluer et améliorer

Le lancement du jeu n’est pas la fin, mais le début de son histoire. Il est essentiel de suivre son utilisation et de mesurer son impact réel. Atteint-on les objectifs pédagogiques fixés à l’étape 1 ? Quel est le taux de complétion ? Quels sont les retours qualitatifs des utilisateurs ? Ces données permettent non seulement de prouver le ROI (Retour sur Investissement) du projet, mais aussi d’identifier des pistes pour de futures améliorations.

Nos réalisations : découvrez notre savoir-faire en action

La meilleure façon de comprendre la puissance d’un jeu sérieux est de le voir en action. Chaque projet est une nouvelle aventure, co-construite avec nos clients pour répondre à des défis uniques. Voici quatre exemples issus de notre portfolio qui illustrent la diversité de notre approche.

Babel Papote pour le CPAS de Bruxelles

Le développement du design d’un jeu de plateau, Babel Papote, destiné aux animateurs de centres d’accueil pour seniors avec déficience cognitive, afin de favoriser la parole autour du vieillissement grâce à une approche bilingue, conviviale et accessible en FALC.

Location possible sur culture-sante.be

Atelier « Algoscape » pour le Musée BELvue

Un jeu immersif dans un univers dystopique pour sensibiliser les adolescent·e·s à l’impact des algorithmes de manière ludique et critique.

Graphisme de l’exposition Cosmos ©geofff/SparkOH!

« Mr.Goodfish 3.0 » pour Ecsite

Le design graphique complet d’un jeu collaboratif européen sur la pêche durable, conçu pour être imprimable, open source et accessible à un large public international.

Notre étude de cas : Hoponopon'oo, le jeu qui rélève votre gouvernance

Le Policy Lab nous a embarqués dans une aventure passionnante : transformer leur formation sur la gouvernance en une expérience ludique, didactique et inoubliable pour des professionnels. Pendant 6 mois, nous avons co-créé avec l’équipe du Policy Lab. D’abord, décortiquer le contenu de la formation pour en extraire des messages percutants, clairs et mémorables. Une fois la matière modélisée, nous avons repensé tout le parcours d’apprentissage : comment faire découvrir chaque concept de façon immersive et engageante ? Après avoir hésité entre la jungle et le cosmos, c’est finalement l’univers de l’archipel qui nous a conquis ! Chaque participant reçoit une mission spécifique, devient acteur à part entière de la formation. Résultat : l’impact du contenu décuplé, une appropriation directe des concepts et une vraie facilité à les appliquer dans le quotidien professionnel.

Envie d’en savoir plus ? Plongez dans les coulisses de ce projet et découvrez comment nous avons réinventé la formation en atelier ludique et transformateur !

Les atouts de Citynova pour la création de votre serious game

Vous l’aurez compris, la réussite d’un serious game repose sur bien plus qu’une bonne idée. Elle exige la maîtrise d’une palette de compétences variées, de l’ingénierie pédagogique au game design, en passant par le graphisme et la gestion de projet.

Chez Citynova, notre force réside dans notre approche intégrée et notre équipe pluridisciplinaire.

Approche sur-mesure :
Nous ne proposons pas de solution toute faite. Chaque jeu est conçu en co-création avec vos équipes, pour répondre précisément à vos enjeux spécifiques.

Expertise reconnue :
Notre équipe réunit des pédagogues, des designers d’expérience, des facilitateurs et des graphistes, tous dédiés à la réussite de votre projet.

Expérience utilisateur au cœur :
Nous mettons un point d’honneur à garantir l’accessibilité, l’immersion et le plaisir de jeu pour tous les publics.

Suivi et accompagnement :
De l’idéation à l’évaluation, nous restons à vos côtés pour maximiser l’impact de votre serious game et vous accompagner dans sa prise en main.

Questions Fréquentes (FAQ)

La gamification consiste à appliquer des mécaniques de jeu (points, badges, classements) à un processus qui n’est pas un jeu (une application, un site web, un programme de fidélité). Le serious game, lui, est un jeu à part entière, avec un début, une fin, un scénario et des règles. La gamification ajoute une couche ludique à un processus existant ; le serious game est une expérience ludique en soi.

Non ! Bien que beaucoup de serious games soient digitaux (web, mobile, VR), un jeu sérieux peut tout à fait être un jeu de plateau, un jeu de cartes, ou un jeu de rôle en présentiel. Le choix du support dépend des objectifs et du contexte. Citynova conçoit régulièrement des dispositifs physiques et imprimables.

  • L’efficacité se mesure par rapport aux objectifs fixés à l’étape 1. On peut utiliser des indicateurs quantitatifs (ex: taux de complétion, scores à un quiz avant/après, baisse du nombre d’accidents du travail) et qualitatifs (retours des utilisateurs, observation des changements de comportement, amélioration de la collaboration…).
  • Il est fondamental. Un jeu qui suscite des émotions (la fierté de réussir un défi, la curiosité de découvrir la suite de l’histoire, l’empathie pour un personnage) ancre l’apprentissage de manière beaucoup plus profonde et durable. Notre expertise en design d’expérience vise précisément à créer ces connexions émotionnelles au service de la pédagogie.

En bref,

Créer un jeu sérieux réussi n’est pas une simple question de technologie ou de divertissement. C’est l’art d’orchestrer une rencontre entre des objectifs clairs, des mécaniques de jeu intelligentes et une expérience utilisateur engageante. C’est une démarche qui remet l’humain au centre de l’apprentissage et qui prouve que l’on peut aborder les sujets les plus sérieux sans jamais se prendre au sérieux.

En transformant la connaissance en expérience, vous ne formez pas seulement vos publics : vous les embarquez, vous les motivez et vous laissez une empreinte durable.

Prêt à concevoir un serious game impactant ? Contactez Citynova pour échanger sur vos objectifs et imaginer ensemble l’expérience qui transformera vos publics.

Pour aller plus loin : quelques lectures et ressources clés

Le jeu sérieux est un domaine riche, à la croisée de plusieurs disciplines. Pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet, que ce soit sur les fondements théoriques ou les applications pratiques, voici une sélection de ressources fondamentales que nous vous recommandons.

  • Le jeu en entreprise : Pour une analyse sur l’utilisation des jeux sérieux en contexte de crise, cet article de The Conversation offre une perspective managériale très pertinente.
  • Apprentissages publics et privés : Cet article sur Cairn.info explore l’impact des jeux sérieux dans les dynamiques collaboratives, un sujet au cœur de notre expertise en co-création.
  • Le livre incontournable : Pour comprendre les fondements scientifiques de l’apprentissage par le jeu, les travaux de Karl Kapp sont une référence. Son ouvrage « The Gamification of Learning and Instruction » est un guide essentiel pour tous les concepteurs pédagogiques.

Le mouvement pour l’impact social : Si vous êtes intéressé par la manière dont les jeux peuvent servir des causes sociales et environnementales, le mouvement mondial Games for Change propose un catalogue de projets inspirants qui montrent que le jeu peut véritablement contribuer à un monde meilleur.

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